Alors que le pays se relève très difficilement de la guerre, la vie artistique se réveille de quatre années d’occupation. Après la Libération, Paris reprend aussitôt la place de capitale mondiale de l’art qu’elle occupait avant la guerre. La Ville Lumière redevient alors le pôle d’attraction des artistes du monde entier.
La sélection de 75 peintures, dessins et sculptures, tous issus de la collection de la Fondation Gandur pour l’Art, entend restituer la vitalité artistique de cette époque tout en montrant comment la guerre, avec son lot d’atrocités, a pu influer durablement sur le cours de l’art.
Face à la difficulté, voire l’incapacité pour certains, de continuer à représenter le monde avec les moyens traditionnels de la peinture, les artistes n’ont eu d’autre alternative que de puiser dans leur intériorité de nouvelles formes d’expressions, plus spontanées et intuitives, qui vont trouver dans l’art abstrait le terreau fertile pour se développer.
Pour y parvenir, ils vont aussi avoir recours à toute une gamme de nouveaux outils et matériaux détournés de leur fonction première.
La confrontation qui s’installe, dès 1945, entre d’un côté, les continuateurs de l’abstraction géométrique héritée de Piet Mondrian et Kasimir Malevitch, et de l’autre, la jeune génération des peintres abstraits prête à expérimenter toutes les possibilités de l’art informel, est le signe des temps nouveaux.
La collection de peintures de la Fondation Gandur pour l’Art, qui s’est originellement constituée autour de cette tendance non géométrique de l’art abstrait, permet d’illustrer sa diversité avec des œuvres de premier plan. Chacune à leur manière, elles témoignent de la crise de représentation qui sévit après-guerre et touche les artistes cherchant, consciemment, ou inconsciemment, à peindre la réalité de leur époque sans avoir nécessairement recours à la figuration.