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La faillite de la paix

La montée du nazisme en Allemagne

Adolf Hitler devient chancelier, et propage ses idées...

Dans un contexte économique et politique troublé, Hitler crée le parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) le 24 février 1920.

Hitler crée le parti national-socialiste

Dans un contexte économique et politique troublé, Hitler crée le parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) le 24 février 1920.

Succédant au IIe Reich, la république de Weimar naît le 9 novembre 1918 dans un climat politique et économique troublé. Une partie de la population et de la classe politique lui reproche d’avoir signé l’armistice et l’humiliant traité de Versailles. À cela s’ajoutent des difficultés financières, aggravées par le coût des réparations et des indemnités de guerre dues aux Alliés. Les extrêmes s’agitent : les communistes tentent une révolution en 1919 et l’extrême-droite, un coup d’État en mars 1920.

C’est dans ce contexte qu’un parfait inconnu, Adolf Hitler, apparaît sur la scène politique. En 1919, ce vétéran de la Première Guerre mondiale, bouleversé par la défaite allemande, proche des milieux nationalistes et antisémites viennois, entre au parti ouvrier allemand (DAP).

Excellent orateur, parfait organisateur, il multiplie les meetings et transforme en quelques mois le groupuscule en véritable parti politique. Le 24 février 1920, il le rebaptise « Parti national-socialiste des travailleurs allemands » (NSDAP) et le dote d'un programme politique en 25 points. Antisémitisme, antidémocratisme, antimarxisme, constitution d’une grande Allemagne et abrogation du traité de Versailles sont les maîtres-mots du nouveau parti nazi. Un programme apte à séduire les foules déroutées par la défaite, le traité de Versailles et les difficultés économiques…

Entre 1920 et 1923, le parti national-socialiste prospère. Hitler évince ses dirigeants, se rapproche de la haute-société munichoise et des milieux politiques d’extrême-droite. Les 8 et 9 novembre 1923, profitant du climat de sédition régnant en Bavière, il tente de prendre le pouvoir par la force lors du putsch de Munich.

Extraits du programme en 25 points du parti national-socialiste (24 février 1920) :

1. Nous exigeons la constitution d'une Grande Allemagne, réunissant tous les Allemands sur la base du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

2. Nous exigeons [...] l'abrogation des traités de Versailles et de Saint-Germain.

3. Nous exigeons de la terre et des colonies pour nourrir notre peuple et résorber notre surpopulation.

4. Seuls les citoyens allemands bénéficient des droits civiques. Pour être citoyen, il faut être de sang allemand, la confession importe peu. Aucun juif ne peut donc être citoyen.

22. Nous exigeons [...] la création d'une armée nationale.

25. Pour mener tout cela à bien, nous demandons la création d'un pouvoir central puissant [...].

Le putsch de Munich

Le 8 novembre 1923, lors du putsch de Munich ou « putsch de la Brasserie », Hitler tente de s'emparer du pouvoir à l'aide de ses SA.

À l’automne 1923, les autorités bavaroises sont au bord de la rupture avec Berlin. Hitler profite de l’occasion pour organiser un putsch à Munich. Le pouvoir est alors exercé par un triumvirat composé du commissaire général de Bavière Gustav von Kahr, monarchiste et séparatiste, du général von Lossow, commandant en chef de l’armée en Bavière, et du colonel von Seisser, chef de la police d’État bavaroise. L’objectif d’Hitler est de prendre le pouvoir en Bavière puis de mener une « Marche sur Berlin », tout comme Mussolini l’a fait vers Rome près d’un an auparavant.

Le 8 novembre 1923 vers 20h, Hitler fait irruption avec ses SA dans la Bürgerbraukeller, une brasserie de Munich où le triumvirat est réuni. Le chef du parti nazi obtient son soutien après d’âpres négociations. Mais il n’est que de courte durée. Dès le lendemain, le triumvirat condamne officiellement le putsch et lance l’armée et la police bavaroise contre les putschistes. L’affrontement fait 14 morts. Hitler est arrêté et emprisonné.

Malgré son échec, le putsch de Munich apporte à Hitler de la notoriété et un certain prestige. Surtout, il lui démontre que l’instauration du nazisme en Allemagne doit passer par une voie légale.

Mein Kampf d'Hitler

Durant sa détention suite au putsch de Munich, Hitler rédige Mein Kampf. Il y expose sa doctrine pseudo-scientifique du racisme où la « race aryenne » est, de part sa nature même, amenée à dominer les « races inférieures ». Selon Hitler, le peuple « pur » doit conquérir à l'Est un « espace vital » nécessaire à sa survie.

Mein Kampf, unique livre publié de Hitler, se présente pêle-mêle au lecteur comme une autobiographie, un pamphlet antisémite, un programme idéologique et un symbole du nazisme.

Hitler commence à écrire Mein Kampf en prison, dès le printemps 1924. Il tape lui-même les textes du premier volume, qui seront beaucoup remaniés par ses proches. D’abord conçus comme une suite d’éditoriaux pour un journal nazi, ils sont peu à peu transformés en un livre destiné à la conquête idéologique d’une nation.

Hitler sort de prison en décembre 1924. Le livre reçoit son titre définitif de « Mon Combat » (Mein Kampf), puis est publié en juillet 1925. Ce premier volume est largement autobiographique : il commence par l’enfance de l’auteur et se termine par la proclamation du programme en 25 points du parti national-socialiste, en février 1920. Un deuxième volume, commencé en 1925, est publié à la fin de l’année 1926. Il traite de questions liées à l’organisation de l’État et de la propagande, puis aborde la politique étrangère. Ces deux volumes seront publiés séparément jusqu’en 1930. Ils sont ensuite réunis en un seul ouvrage aux allures de « bible nazie ». Hitler écrira un « Second livre » en 1928. Il ne sera jamais publié.

La « lutte des races » entre la « race aryenne » et les « races inférieures »

Dans sa conception raciste du monde qu’il expose dans Mein Kampf, Hitler hiérarchise les peuples selon une échelle raciale. Il place à son sommet la « race aryenne » représentée par des hommes grands, blonds et dolichocéphales (au crâne allongé), surtout nombreux en Allemagne de l’Ouest, puis les peuples de langue allemande. Selon ses propres mots, la « race aryenne » est la seule fondatrice « d’une humanité supérieure, celle qui a créé la civilisation ». Ensuite viennent les Latins, les Slaves, les handicapés, les homosexuels, les Tsiganes et à l’échelon le plus bas les Juifs considérés comme des parasites. Amalgamant théories colonialistes et darwinisme social, il donne à la « race aryenne » la mission « d’exiger la subordination des mauvais et des faibles », autrement dit des « races inférieures ».

Hitler pense de manière obsessionnelle que le développement de la civilisation est indissolublement lié à la défense de ce qu’il appelle « le sang allemand » ou la « pureté de la race aryenne ». Pour la préserver, les Aryens ne doivent en aucun cas mélanger leur sang avec celui des « races inférieures » car ce métissage entraînerait « la ruine du peuple civilisateur ». Le mariage et la maternité n'ont d'autre but que celui de maintenir la pureté de la race.

La conquête de l'« espace vital »

Dans la lignée du pangermanisme, courant politique du XIXe siècle, Hitler souhaite réunir dans un même Reich les populations de langue et de culture allemande. Ce peuple « pur » dirigé par un « guide », unique chef d’un état fort et souverain, doit conquérir à l’Est un « espace vital » au détriment des « races inférieures », afin d’y tirer les ressources nécessaires à sa survie. « Nous devons […] tourner notre regard vers les terres de l’Est. […] C’est l’épée qui donnera le sol à la charrue allemande », affirme Hitler dans Mein Kampf. Cette « Marche vers l’Est », qui s’inspire de l’épopée teutonique, mouvement de colonisation germanique des pays de l’Est au XIIIe siècle, éveille chez les Allemands la nostalgie d’une des phases les plus glorieuses de leur histoire.

L'ascension d'Hitler et la mise en place du nazisme en Allemagne

Jusque-là minoritaire, le parti national-socialiste obtient la majorité des suffrages lorsque survient la crise de 1929. Hitler obtient légalement la chancellerie et instaure le nazisme en Allemagne.

Lorsqu’Hitler sort de prison en décembre 1924, un an à peine après le putsch de Munich, le parti national-socialiste n’a plus qu’une audience très faible : il n’obtient, avec ses alliés les groupes racistes du Nord, que 3% des voix lors des élections de décembre 1924. Le retour à une relative prospérité économique détourne les Allemands des extrêmes.

Mais le NSDAP, certes affaibli, est loin d’être à l’agonie. Entre 1924 et 1929, sous l’impulsion d’Hitler, le parti national-socialiste se transforme en une structure très centralisée et très hiérarchisée. Ses adhérents (environ 100 000) sont à présent répartis dans toute l’Allemagne. Hitler, sentant que le contrôle des SA lui échappe, se dote d’une nouvelle garde personnelle qui lui est entièrement dévouée : les SS.

En 1928, le parti national-socialiste n’obtient que 2,6% des suffrages lors des élections législatives. Mais la crise économique qui se déclenche à New York en 1929 offre à Hitler une chance inespérée d’accéder au pouvoir. L’Allemagne, très dépendante des capitaux américains, est touchée de plein fouet. En 1932, le taux de chômage grimpe à 25% de la population active. La récession est si brutale que l’État n’est pas en mesure d’indemniser les chômeurs. Ruinés, une grande partie des Allemands se tourne vers le parti national-socialiste : le 31 juillet 1932, il obtient la majorité des voix au Parlement. Six mois plus tard, le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier. L’engrenage est lancé.

Devenu chancelier, Hitler s’emploie à anéantir toute opposition. En février 1933, profitant de l’incendie du Reichstag, il interdit les partis socialistes, communistes et démocrates. En juillet, le parti national-socialiste est le seul légal. Les SA, devenus indociles, sont éliminés par les SS le 30 juin 1934 lors de la Nuit des longs couteaux. Avec la mort du président allemand Hindenburg en août, l’ultime obstacle à Hitler est levé : le cumul des fonctions de chancelier et de président voulu par Hitler est largement approuvé par plébiscite. Le nazisme s’installe en Allemagne.