
Préambule
Par son travail du noir et blanc, par son traitement de la lumière et du temps qui s’étire et révèle une présence invisible, par la spiritualité particulière qui se dégage de ses photographies, Michael Kenna attire notre regard sur les camps nazis.
À la fin des années 1980, et pendant près de 15 ans, alors que les survivants des camps disparaissent peu à peu, l’artiste immortalise les lieux – camps de transit, camps de concentration, centres de mise à mort – où les nazis tentèrent de détruire « l’espèce humaine ». À travers un projet sobre et intime, longtemps resté personnel, il entreprend ainsi de lutter contre un oubli impossible.
Saisissant l’image de sites devenus vestiges, lieux de mémoire et de recueillement, son regard, celui d’un photographe de paysages, le conduit à aborder autrement l’histoire et la mémoire de « l’univers concentrationnaire » et du génocide des Juifs d’Europe. Au savoir des témoins et des historiens, il ajoute l’émotion des lieux, pour mieux interroger sur ce qui est et ce qui fut.
En nous offrant cette série, Michael Kenna nous invite à regarder, à réagir et à nous impliquer pour transformer nos sensations et nos sentiments en mémoire.
Regarder aujourd’hui les photographies de Michael Kenna, c’est l’accompagner sur ce chemin, à l’heure où la transmission de ce qui se déroula dans les camps nazis demeure plus que jamais essentielle.
C’est pourquoi nous avons souhaité que l’exposition Michael Kenna, « La lumière de l’ombre : photographies des camps nazis, 1988-2000 », soit présentée d’octobre 2021 à décembre 2022, d’abord au Musée de la Résistance nationale, à Champigny-sur-Marne, ensuite au Mémorial de Caen de juin à décembre 2022.
Grâce à des projets qui sont autant de rencontres, comme celle avec Michael Kenna, grâce à une collection qui rassemble des milliers d’histoires de vie, le MRN transmet depuis 1965 l’histoire et la mémoire de la Résistance et de la Déportation.
Depuis 1988, le Mémorial de Caen, à travers son parcours permanent et ses expositions temporaires sur l’histoire du XXe siècle rappelle la fragilité de la paix.
C’est le rôle aujourd’hui et demain de nos musées et mémoriaux de porter ces enjeux, de garder trace, d’être des écrins à toutes les formes de transmission, pour savoir et comprendre.
Stéphane Grimaldi Directeur général du Mémorial de Caen |
Thomas Fontaine Directeur du Musée de la Résistance nationale |