
Avril 1944 : l'ultime offensive japonaise en Chine
C'est la plus grande offensive lancée en Chine depuis 1937-38, avec pour but de dégager un corridor sécurisé entre la Corée et Hanoï. Cette opération doit permettre le ravitaillement de l'archipel nippon en vivres et matières stratégiques, à la place de la voie maritime désormais sous contrôle américain. Partis de Henan, les 150 000 soldats japonais progressent rapidement vers le sud, le long de la voie ferrée Pékin-Hankou. Il est vrai que les troupes nationalistes ont un ennemi supplémentaire inattendu avec les paysans chinois affamés qui se vengent des années de maltraitance et privations dont ils ont été victimes de la part des troupes nationalistes.
Fin mai, la progression se poursuit avec 350 000 Japonais. En août, ils prennent Guangxi et en novembre, toutes les bases aériennes américaines sont détruites. À Chongqing, capitale de la "Chine libre" où se trouve Chan Kai Chek, c'est la panique. Mais par chance, en décembre 1944 l'offensive s'arrête net. Le Japon doit faire face aux victoires américaines consécutives à la bataille de Leyte d'octobre 1944, où les Américains ont coulé ce qu'il restait de la flotte japonaise. Sans compter que le Japon a perdu la bataille de la Birmanie qui permet d'ouvrir la route du ravitaillement sur Chongqing.
Cette campagne de neuf mois a été désastreuse pour Chang Kai Shek et son armée qui en sort humiliée et affaiblie avec la perte de 500 000 hommes, soit 20 fois plus que les Japonais. Débâcle qui va profiter aux communistes dont le prestige est renforcé par la stabilisation des zones sous son contrôle en Chine du Nord et centrale, face aux tentatives d'incursions japonaises ou des troupes du gouvernement fantoche.
Mao se présente comme le challengeur du généralissime Chang Kai Chek et vise la prise du pouvoir du pays tout entier. Les Américains ne s'y trompent en entamant des négociations à l'été 1944 avec Mao. Mais cette tentative américaine de médiation entre les deux Chine rivales échoue en décembre 1944. Tout au plus, Mao obtient-il une modeste reconnaissance internationale par l'envoi d'un représentant de la Chine communiste à la Conférence de San Francisco de juin 1945.