Ces quatre tableaux ont une histoire propre.
Norman Rockwell, pendant la guerre, comme Tex Avery, Walt Disney, Charlie Chaplin, Frank Capra, Ernst Lubitsch, Clark Gable ou Arthur Szyk, a participé à l’effort de guerre.
Grâce à ces quatre tableaux qui circulaient en Amérique pendant la guerre - les « war bond shows » -, 132 millions de dollars furent recueillis.
Norman Rockwell les réalise non sans difficultés en 1943, au plus fort de l’engagement militaire américain en Asie et bientôt en Europe.
1. Freedom of Speech (Liberté d’expression), 1943
Norman Rockwell (1894-1978)
Pour illustrer cette liberté, Norman Rockwell s’est inspiré d’une scène à laquelle il avait assisté peu de temps auparavant : lors d’une réunion du conseil municipal, un homme s’est levé pour prendre la parole sur un sujet à l’ordre du jour. Il s’agissait de la fermeture d’une école. Il n’a pas obtenu l’approbation de l’assemblée, mais les concitoyens présents l’ont écouté respectueusement, sans l’interrompre.
Rockwell a pris pour modèle l’un de ses voisins pour représenter cet homme, qui incarnait la liberté d’expression. Sa veste de cuir sera également présentée dans l’exposition.
2. Freedom of Worship (Liberté de conscience), 1943
Norman Rockwell (1894-1978)
La « Liberté de conscience » représenta un vrai défi pour Rockwell, car la religion était pour lui un sujet profondément personnel. Il voulait réaliser une peinture transmettant des valeurs d’unité et proposant la vision d’un monde sans discriminations religieuses.
Son projet initial représentait une scène dans un salon de coiffure de campagne. Rockwell trouva son approche trop stéréotypée et peu satisfaisante. Il abandonna donc ce premier travail.
La peinture que nous connaissons aujourd’hui aborde l’acte de foi. Le tableau montre des personnes de différentes croyances, dans un moment de recueillement, qui souligne l’idée d’une communauté américaine. Norman Rockwell estimait que, comme l’expression des visages, la position et la gestuelle des mains ont une grande importance dans la peinture. Le tableau « Liberté de conscience » est une illustration de ce principe.
3. Freedom from Want (Liberté de vivre à l’abri du besoin), 1943
Norman Rockwell (1894-1978)
Sur ce tableau, une famille aisée partage un repas de Thanksgiving. À gauche de la table, l’épouse de Norman Rockwell, Mary, décédée en 1959, et face à elle, la mère du peintre. Les autres personnages sont des habitants d’Arlington que le peintre a choisis pour compléter la composition de sa toile.
Norman Rockwell, optimiste par nature, avait ici des doutes. Avait-il eu raison de peindre une dinde aussi grosse quand une grande partie de l’Europe était affamée, envahie et déportée ? Si des critiques s’expriment sur la surabondance de nourriture dans ce tableau, elles notent aussi que cette peinture met en valeur la famille, la convivialité et la sécurité, et elles étaient d’accord pour dire que l’abondance était la meilleure réponse à la notion de besoin.
4. Freedom from Fear (Liberté d’être protégé), 1943
Norman Rockwell (1894-1978)
Cette oeuvre est la dernière de la série des « Quatre Libertés ». Elle a été réalisée pendant les bombardements de Londres. On remarque que le père tient un journal dont les gros titres font référence à ces événements. La poupée gisant sur le sol rappelle les enfants d’Europe privés de sécurité.
Ce tableau, qui n’était pas considéré par Norman Rockwell comme une oeuvre d’une force exceptionnelle, a retrouvé une actualité après les attentats du World Trade Center. À cette occasion, le New York Times a publié « Liberté d’être protégé » en Une, en substituant au titre de Norman Rockwell un titre faisant référence aux attentats de New York, de Washington et de Pennsylvanie.
Photo ci-contre : Photograph of Norman Rockwell with Freedom of Speech painting at Four Freedoms War Bond Show, 1943. Photographer unknown. Collection of Norman Rockwell Museum. © Norman Rockwell Family Agency. All rights reserved.